mardi 27 septembre 2016

Plus de peur que de mal (ou notre petit miracle)

Pour résumer les épisodes précédents, après une fausse couche qui rendait cette nouvelle grossesse un peu angoissante, une anomalie, à savoir une clarté nucale épaisse, a été détectée lors de l'échographie du premier trimestre. Après un rendez-vous chez une généticienne, nous avons décidé d'avoir recours à une biopsie du trophoblaste pour être fixés quant à la santé de notre bébé.

Deux jours après, le téléphone sonne : c'est le département de génétique de l'hôpital. Les premiers résultats du cariotype sont bons : pas de trisomie ni de monosomie ! Ce bébé est chromosomiquement "normal" et ... c'est une petite fille ! C'est un premier soulagement de savoir que les plus gros risques d'anomalie sont écartés mais j'ai du mal à être sereine. Chaque résultat d'examen est un pas de plus mais ne fait qu'annoncer le prochain, où on redoute une mauvaise nouvelle : résultats approfondis du cariotype, échographie morphologique anticipée et échographie cardiaque de foetus. Après cela, et seulement après cela, nous reprendrions le cours d'une grossesse "normale". 
Cependant, savoir qu'il s'agit d'une petite fille permet de se projeter un peu davantage, même si cela reste difficile : et si tout cela s'arrêtait ? Une pensée qui ne nous quitte pas.

Deux semaines après, nous recevons un courrier. Les résultats approfondis du cariotype sont normaux. Notre petite fille, désormais appelée la "crevette", va bien et ne présente aucune anomalie génétique. Le risque de malformation, notamment cardiaque, n'est toutefois pas écarté et cette grossesse peut encore être menacée par une malformation vitale. L'épée de Damocles est bien toujours là.

À 17 semaines d'aménorrhées est programmée une échographie morphologique anticipée pour s'assurer que le développement du foetus est normal et que ce dernier ne présente pas de malformation. Pour cela des spécialistes de l'hôpital Nord de Marseille font le déplacement. L'échographie va durer plus d'une heure et la crevette va être examinée sous toutes les coutures. Les deux médecins baragouinent des termes techniques, multiplient les coupes et les captures d'écran, on ne comprend pas grand chose, nous sommes suspendus à leurs lèvres ... et tout va bien ! Nous sommes rassurés mais une fois de plus, sur la réserve, dans l'attente de l'échographie cardiaque. Le médecin nous dit alors que cette grossesse ira à terme, que s'il y avait une malformation majeure à ce stade il l'aurait vue et que nous pouvions être rassurés. L'échographie cardiaque à venir pourrait éventuellement révéler une petite malformation (même si rien ne le laisse présager) mais le risque vital est écarté !!! Nous sommes tellement heureux et un peu sonnés, nous nous attendions tellement à devoir attendre encore.

Lorsque nous rentrons à la maison, nous nous empressons de dire à la grenouille que sa petite soeur va bien, que ça y'est, elle va vraiment avoir une petite soeur, que le bébé n'est pas malade. Et pour que cela soit enfin concret pour elle, nous allons l'après midi même choisir ensemble une petite paire de chaussons pour la crevette. C'est à ce moment là que je me suis autorisée pour la première fois à acheter quelque chose pour ce bébé. Ce bébé qui allait vraiment venir agrandir notre famille, ce bébé qui devenait enfin concret, ce bébé qui allait vivre.

Finalement, l'échographie cardiaque puis l'échographie morphologique du deuxième trimestre ne révéleront aucune anomalie et nous reprendrons le cours d'une grossesse "normale". Enfin ... "normale" ... Une grossesse plus sereine mais une grossesse dans laquelle je n'ai pu vraiment me projeter qu'à partir de 4 mois de grossesse, une grossesse pendant laquelle je n'ai pu affirmer à la grenouille qu'elle allait avoir une petite soeur qu'au bout de 15 semaines, une grossesse pendant laquelle j'ai eu énormément de mal à parler à ce bout de bébé en moi. Une grossesse qui finalement a été tout sauf normale et qui portera à jamais la trace de ces mois d'angoisse.

Plus de peur que de mal effectivement. Mais ces quatre mois d'incertitude restent parmi les plus difficiles de ma vie. Ne pas savoir si la vie que l'on porte verra le jour. Ne pas pouvoir se réjouir. Devoir gérer les questions d'un petit bout de 4 ans sur sa soeur, essayer de faire en sorte que le lien se tisse entre elles et en même temps, essayer de la protéger. Avoir la gorge nouée et le noeud au ventre à chaque fois que quelqu'un vous demande si vous êtes enceinte parce que votre ventre s'arrondit mais ne pas trop savoir quoi répondre parce que vous ne savez pas s'ils vous verront un jour serrer ce bébé dans vos bras. Avoir du mal à communiquer avec cette crevette même si on sait que tout va bien. Avoir la sensation de toujours se protéger "au cas où ...".

Mais être submergée par les larmes et un tsunami de soulagement le jour où j'ai enfin vu son visage, voir la fierté dans les yeux de la grenouille la première fois qu'elle a serré sa petite soeur dans ses bras, pouvoir voir les sourires de la crevette chaque jour qui passe, tout cela m'a un peu fait oublier combien cette grossesse a pu être difficile.

J'avais peur de ne pas trouver un prénom aussi symbolique pour la crevette que pour la grenouille qui a un prénom dont la signification est très forte. Mais la crevette porte toute son histoire dans son prénom : c'est notre "petit miracle".

Photo prise la veille de la naissance de la crevette

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