dimanche 18 mai 2014

Et c'est ainsi qu'elle est née (Part 2)

Dans la partie 1, je vous racontais comment il avait été question de déclenchement et comment nous avions vécu nos dernières heures avant l'arrivée programmée de la grenouille.

19h00 : Mes beaux-parents, le Daddy et moi assis autour de la table de la salle à manger. On discute, on discute, mais petit à petit, je ne suis plus vraiment là et n'écoute plus que d'une oreille distraite. Il se passe un truc bizarre et mon bas ventre devient mon centre d'attention. J'ai des contractions et je commence à les « sentir ». Ces contractions qui jusque là n'avaient jamais été douloureuses commencent à ressembler davantage à des douleurs de règles. Rien d'hyper douloureux, mais je les sens. Je regarde l'horloge, pendant que la conversation suit son cours, j'ai des contractions environ toutes les cinq minutes. La conversation prend fin, on se dit au revoir, on prépare le repas (et c'est choucroute, les amis ! Non, nous n'avons peur de rien), on se met à table et pendant ce temps je commence à faire part de ce qui se passe au Daddy. Par précaution, on décide d'aller à l'hôpital après le repas, au cas où. Je prends une douche et on met la valise dans le coffre pour prendre tranquillement la direction de la maternité, qui n'est (ou devrais-je dire n'était) qu'à quelques minutes de la maison.

22h00 : Arrivée à la maternité : il fait nuit, l'hôpital est « fermé », on passe donc par les urgences. Après les formalités administratives, on monte au premier étage (je suis une guedin, je ne prends pas l’ascenseur, non, non, moi je prends les escaliers !) et on entre dans le centre de maternité. Voilà le bureau des sages femmes. L'une d'elles (à moins que ce ne soit une aide soignante) nous accueille d'un « il faut sonner avant d'entrer » des plus sympathiques. Bien, welcome ! Et sinon, bonjour ! On présente la situation, mais vu que je ne me tords pas de douleur et arbore un grand sourire, les sages-femmes plaisantent et disent que ce n'est visiblement pas pour tout de suite, ce qui agace un tantinet le Daddy. Puis l'une d'elles se rappelle avoir vu passer mon dossier et que le travail était déjà un peu avancé. On me place donc sous monitoring et on m'examine : ça n'a pas vraiment bougé depuis midi, je suis ouverte à 2,5. On nous propose deux solutions : rentrer chez nous et revenir quand le travail sera bien avancé ou rester ici, sachant que la maternité est surchargée et qu'aucune salle d'accouchement n'est libre (étant donné qu'elle était déserte dans l'après-midi, je pense qu'on peut dire que nous sommes abonnés à la poisse, comme j'en parlais aussi ). Après un moment d'hésitation, nous choisissons la deuxième option : de toute façon, il faudra revenir au plus tard demain à 7h pour le déclenchement. Autant rester ici et essayer de me reposer. Je suis donc placée en attente dans une salle, allongée sur un lit. Un autre couple arrive et est installé dans la même salle, la jeune femme a clairement l'air de souffrir le martyr, elle respire très fort et gémit, elle en vient même à vomir de douleur (bon appétit, bis) … Bien, j'essaie de faire abstraction de ce qui se passe autour de moi (et de ne pas paniquer !), de ne pas me concentrer sur mes contractions  (et sur les vomissements de la voisine) et essaie de trouver le sommeil … En vain. Finalement, je propose au Daddy de rentrer, je n'arriverai pas à me reposer ici, je préfère être au calme à la maison. Nous voilà donc repartis.

01h00 : Arrivés à la maison, les contractions commencent à être franchement douloureuses. Je vais m'allonger sur la canapé pour essayer de dormir un peu, mais j'ai vraiment mal. Je me concentre sur ma respiration, je ferme les yeux, je gémis de douleur et je commence à ne plus avoir bien conscience de ce qui se passe autour de moi, je ne sais plus trop si je dors ou si je suis dans ma bulle. Mes souvenirs se brouillent et mes cours de préparation à l'accouchement ne sont plus qu'un lointain souvenir.

02h30 : le Daddy vient me voir et me dit qu'on va retourner à la maternité. Il calcule le trajet en fonction des contractions : je me prépare, contraction, je descends les trois étages, contraction, je monte dans la voiture, contraction, il roule, contraction, il grille un feu rouge, contraction ...

Nous revoilà à la maternité. Je me pose dans l'espace d'attente sur une chaise. Le Daddy va sonner à la porte, une femme lui ouvre, « c'est complet », et referme la porte … Je me tords de douleur sur la chaise en métal, on attend, on attend … Le Daddy ne tient plus et va leur demander fermement de faire quelque chose. On m'installe finalement dans une salle qui n'est pas une salle d'accouchement, « en attente », car toutes les salles d'accouchement sont occupées. J'apprendrais par la suite qu'une femme s'est vue accoucher dans la chambre dans laquelle on l'avait installée, sans péridurale, pour cause de manque de place et d'accouchement rapide. Il paraît qu'on l'entendait crier pendant qu'on attendait. Je dois dire que je ne me rappelle de rien, trop concentrée que j'étais sur ma respiration (et j'ai envie de dire : heureusement !).

Je suis donc dans cette salle d'examen. On m'installe le monitoring. J'essaie de gérer les contractions comme je peux, j'ai l'impression d'être en dehors de mon corps ou au contraire complètement centrée et refermée sur moi-même. Je ne me rappelle pas, ou très peu, de ce qui se passe autour de moi. Je ne sais plus si j'ai parlé ou ce que l'on a pu me dire. Pour la faire brève, je suis passée en mode autiste. Je me rappelle surtout que j'étais complètement lessivée et que je m'endormais sur l'épaule du Daddy entre les contractions. En gros, je devais faire des micro-siestes de 25 secondes et j'ai l'impression d'avoir passé ces quelques heures les yeux fermés à alterner « j'ai mal » / « je dors ». Je crois que le Daddy essayait de faire des blagues de temps en temps mais que je n'étais pour ainsi dire pas vraiment réceptive. Je me rappelle avoir dit que je n'arriverai jamais à pousser, que je n'aurais pas assez de force et que j'avais peur de passer pour une chochotte à gémir comme une fillette. Combien de fois est-on venu m'examiner ? Combien de personnes sont venues me voir ? Combien de temps cela a-t-il duré ? Je n'en ai pas la moindre idée.

Finalement, on vient m'examiner en me disant qu'une salle d'accouchement vient de se libérer et que nous sommes deux à attendre. La plus avancée dans son travail sera donc prioritaire. 

Serai-je la plus chanceuse des deux ou devrai-je encore attendre ? La suite dans le prochain et dernier épisode !


Les autres épisodes :
Part 1
Part 3

1 commentaire:

  1. Rolala quelle aventure !! A première vue l'amabilité du personnel n'est pas la priorité dans cette maternité ... Hâte de savoir la suite ^^

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